Expérienciations verbo-visuelles et épiphanies transmédiales : « L’Espace d’un instant » de Pierre Ménard
Corentin Lahouste
Anima Sola Pierre Ménard
Pierre Ménard, nom de plume de l’écrivain français Philippe Diaz, qui est très actif sur le web depuis le début des années 2000 et est à l’origine de projets littéraires développés sur une diversité de supports (livres imprimés, livres numériques, bande radiophonique, vidéos, blogs, sites internet, affiches ou encore cartes à jouer), juxtapose texte et image de manière quasiment systématique dans ses créations, en un geste d’écriture foncièrement intermédial, et parfois transmédial. Il s’agit par cette contribution de mettre en lumière, au départ d’un travail mené sur son projet L’espace d’un instant élaboré sur son site Liminaire entre janvier 2021 et février 2022, la manière dont l’appropriation iconique se trouve au cœur du dispositif d’écriture de cet auteur, ainsi que la façon dont les déplacements qui sont inhérents à ce geste d’appropriation font éclore de singulières expérienciations verbo-visuelles. Alors que le projet se présente comme une « constellation d’instants suspendus, d’arrêts sur images » créant des spatialités affectives en un ensemble où la vastitude du monde émerge à partir de l’épiphénoménal, l’on voit comment s’y révèle, à travers les 420 denses fragments le composant, une logique d’accumulation d’épiphanies qui a pour dessein d’« esquisse[r] un portrait en creux, une sorte d’autobiographie à visée universelle ».